La dysfonction traumatique du bassin
L’articulation sacro-iliaque (entre la colonne vertébrale et le bassin) possède
des axes normaux de mouvement qui permettent au bassin de faire des rotations antérieures
et postérieures. Il peut arriver pour différentes raisons (tension musculaire, problème
posturale, traumatisme physique, …) que le bassin soit restreint dans son amplitude
normale de mouvement (dysfonction physiologique). Ce problème se corrige habituellement
assez facilement et la majorité des professionnels de la santé ont la formation
nécessaire pour y arriver.
Cependant, il existe une dysfonction que l’on nomme « traumatique ou cinq points
hauts » qui est méconnue des professionnels de la santé. Cette dysfonction est nommée
ainsi car elle ne respecte plus les axes normaux de mouvement (dysfonction non physiologique).
Elle est majoritairement produite lors d’une chute importante sur les fesses.
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L’impact
subi force alors le bassin (os iliaque) dans un cisaillement vers le haut, de sorte
que le bassin se retrouve en élévation d’un côté seulement. Cette dysfonction s’observe
simplement à l’œil nu ou à la palpation. Nul besoin de passer une radiographie.
On la retrouve également à la suite d’un accident de voiture avec l’impact du pied
sur la pédale de frein ou lors d’un l’accouchement chez la femme enceinte.
Cette dysfonction est très incommodante parce que tant et aussi longtemps qu’elle
n’est pas corrigée, elle ne se corrigera jamais d’elle-même, contrairement aux dysfonctions
physiologiques. Cette dysfonction est l’une des plus fréquentes qui conduit à la
chronicisation des douleurs lombaires. De plus, comme la majorité des professionnels
de la santé ne sont pas formés pour évaluer et traiter cette dysfonction, elle passe
souvent inaperçue. En effet, cette dysfonction ne s’enseigne pas à l’Université,
ni en Faculté de médecine. Elle s’enseigne uniquement en ostéopathie.
Cette dysfonction conduit souvent le professionnel vers un diagnostic de scoliose
lombaire ou de membre inférieur plus long d’un côté. En effet, comme le bassin est
en élévation d’un côté seulement, l’observation rapide du patient debout laisse
présager au premier coup d’œil une jambe plus longue que l’autre. Des semelles plantaires
seront donc souvent prescrites inutilement. D’ailleurs, ces patients ne ressentiront
aucun soulagement de leur douleur avec le port des semelles plantaires.
Comme cette dysfonction engendre une scoliose lombaire adaptative à cause du bassin
plus haut d’un côté, il n’est pas rare de constater l’apparition d’hernie discale
lombaire du côté opposé au bassin surélevé quelques années plus tard. De plus, il
existe une membrane fibreuse (dure-mère) qui relie le sacrum à la base du crâne.
C’est comme une corde inextensible qui fait toute la longueur de la colonne vertébrale.
Donc, s’il y a quelque chose qui tire en bas, c’est évident qu’il y aura des répercussions
éventuelles au niveau du cou et de la tête. Il n’est donc pas rare que cette dysfonction
engendre quelques mois plus tard, des douleurs cervicales, des maux de tête, des
problèmes au visage du côté de la surélévation du bassin ainsi que des étourdissements,
des vertiges et des labyrinthites. À ce moment, comme la majorité des professionnels
sont formés pour traiter l’endroit où se situent les symptômes, ils appliqueront
des traitements au niveau cervical sans aucun résultat. Des examens par imagerie
médicale seront demandés en renfort pour évaluer la tête et le cou mais tant et
aussi longtemps que le bassin ne sera pas corrigé, le patient n’éprouvera aucun
résultat durable.
La science a divisé le corps humain en région mais a par le fait même perdu de vue
la globalité du corps humain. Ainsi, de grands spécialistes chercheront les symptômes
des étourdissements uniquement au niveau de la tête. Ils feront passer tous les
examens approfondis pour trouver une structure pouvant expliquer les symptômes du
patient mais si ceux-ci s’avèrent négatifs, comme dans bien des cas, le patient
sera retourner chez lui sans solution à son problème. Cela en est ainsi pour plusieurs
problèmes de douleur chronique.
Ce genre de dysfonction se retrouve malheureusement assez fréquemment au Québec
étant donné les hivers que nous connaissons. Ce n’est pas rare d’entendre quelqu’un
nous dire qu’il est tombé sur les fesses parce qu’il a glissé sur la glace. Plusieurs
patients se reconnaîtront en lisant ces lignes. Ils ont souvent été jugés par leur
entourage et se sont fait prescrire des antidépresseurs mais il existe une grosse
différence entre faire une dépression et devenir dépressif parce que la douleur
nous incommode chaque jour et que personne ne parvient à nous aider et à nous comprendre.
La façon d’évaluer cette dysfonction est pourtant fort simple. Il suffit d’évaluer
la position du bassin en position couché sur le dos en palpant l’EIAS (l’épine iliaque
antéro-supérieur); la crête iliaque et finalement, sur le ventre, l’EIPS (l’épine
iliaque postéro-supérieur). Si ces trois points de repère sont décalés vers le haut
comparativement à l’autre côté, vous êtes en présence d’une dysfonction non physiologique
du bassin. Les deux autres points de repère qui peuvent nous être utiles sont l’ischion
et le pubis; d’où l’appellation cinq points hauts.
Si le patient présente réellement une jambe plus longue que l’autre, comme c’est
parfois le cas, le bassin sera plus haut d’un côté en position debout mais une fois
couché sur le dos, le bassin devrait normalement être égal des deux côtés car les
membres inférieurs n’ont plus d’influence en position couché. Donc, si le bassin
reste surélevé d’un côté en position couché, c’est que le bassin est cisaillé vers
le haut. Cette dysfonction ne se corrige que par des techniques de manipulations
directes et il est fortement recommandé de consulter un ostéopathe compétent.
Le 25 mai 2012
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