Avez-vous dit Ergogénique ?
Par Jean-Yves Dionne, BSc Pharm.
Troisième partie d'une série de six.
La glutamine et le surentraînement
La glutamine (L-glutamine) est l'acide aminé le plus abondant dans le sang
et les muscles. Cet acide aminé sert, entre autres, à la fabrication
de la glucosamine endogène qui, à son tour, participe à la
réparation des cartilages et tendons. De plus, il joue un rôle dans
la synthèse de diverses protéines, la protection immunitaire, le maintien
de l'intégrité de la paroi intestinale et l'équilibre acido-basique
de l'organisme. Lors d'un stress physiologique extrême, tel que des brûlures
graves, des traumatismes importants, certaines interventions chirurgicales ou un
surentraînement, la capacité de l'organisme à produire de la
glutamine est affaiblie et l'individu devient alors la cible d'infections diverses.
Le sportif utilise la glutamine dans le but d'augmenter l'énergie durant
l'entraînement, d'améliorer la récupération après
l'exercice et de minimiser l'impact de l'exercice intense sur le système
immunitaire. Malgré des données scientifiques incomplètes,
on peut affirmer que ces effets sont au rendez-vous : la glutamine, par son effet
sur le transport de l'énergie, diminue la fatigue musculaire durant l'entraînement
; elle favorise également la récupération après l'exercice
intense et diminue l'impact négatif sur le système immunitaire. (1)
Par contre, rien dans la documentation ne laisse supposer un effet ergogénique
: la glutamine n'améliore pas la performance.
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Atteinte immunologique
Lors d'un exercice intense ou d'un entraînement rigoureux, la respiration
cellulaire s'accroît, augmentant la production de radicaux libres. Cette surcharge
de radicaux libres entraîne un épuisement des antioxydants endogènes
comme la glutathion peroxydase. Normalement, le repos et l'alimentation renouvellent
les stocks d'enzymes antioxydantes. Un programme régulier d'exercices mène
donc généralement à une augmentation des défenses immunitaires.
L'atteinte immunologique survient lors du dépassement des capacités
de l'organisme quant à sa reconstruction et à sa résistance
au stress qu'est le surentraînement.
Le surentraînement peut provoquer un épuisement qui peut être
aggravé par plusieurs facteurs. Le premier en liste est le taux de stress
général de l'individu. Ainsi, des symptômes de surentraînement
peuvent apparaître chez un individu qui suit un programme d'exercices relativement
léger mais qui subit des stress importants dans sa vie de tous les jours.
Les symptômes de surentraînement ou d'épuisement sont des rhumes
fréquents, une fatigue inexpliquée ou encore un sommeil moins réparateur.
Ces symptômes sont non spécifiques mais vont à l'encontre de
l'amélioration de la vitalité qu'on recherche d'un programme d'exercices.
Des recherches ont évalué la capacité de la glutamine à
diminuer l'atteinte immunologique due au surentraînement. Plusieurs recherches
montrent un effet significatif (2) mais l'unanimité ne règne pas.
L'explication de cette controverse est simple. En effet, la glutamine, tout utile
qu'elle soit, n'est pas efficace si certains autres nutriments spécifiques
sont déficients.
Les outils pour réduire l'épuisement dû au surentraînement
sont nombreux. Cependant, aucun ne garantit 100% de résultats parce que chacun
d'entre eux joue un rôle différent et nécessaire dans ce système
complexe qu'est le corps humain.
· La glutamine est utile par son rôle de transporteur d'énergie
dans le muscle, sa fonction d'agent réparateur et son activité dans
la synthèse du glutathion. (1)
· Un juste apport de protéines est vital parce que l'exercice intense
pousse le corps dans une phase de catabolisme (destruction cellulaire). Le corps
utilise alors ses protéines de structure pour fabriquer de l'énergie.
Par exemple, lors des derniers kilomètres de course, les marathoniens n'ont
plus de graisse à utiliser et dégradent donc les protéines
de leurs muscles. Pour reconstruire ce qui a été détruit, les
marathoniens doivent consommer une grande quantité de protéines, sinon
la récupération n'est pas possible. Certains auteurs suggèrent
des apports de protéines qui peuvent même dépasser 2g par kilo
par jour, ce qui correspond à plus du double de la consommation normale recommandée
(0.80g/kg/jour). (3)
· Un apport important d'antioxydants permet de capter les radicaux libres
avant qu'ils ne causent des dommages. La formule idéale d'antioxydants contient
une combinaison de plusieurs substances (vit. C, vit E, carotènes, polyphénols,
etc.). Pris sur une longue période, les antioxydants diminuent les marqueurs
de détérioration cellulaire. (4,5)
· Un apport de tous les autres micronutriments comme les oligo-éléments
(zinc, magnésium, manganèse, sélénium, etc.) et les
vitamines permet de parer aux carences qui pourraient entraver le bon fonctionnement
des différents systèmes du corps.
Posologie
Les recherches suggèrent de prendre la glutamine après l'entraînement.
Par contre, pour bénéficier de son effet sur le transport de l'énergie
et donc diminuer la fatigue musculaire durant l'entraînement, il serait utile
de la prendre environ avant 1 heure avant.
La diète normale fournit environ 5 à 10g de glutamine par jour. La
glutamine est également présente comme acide aminé dans les
suppléments protéiques. Par contre, la glutamine provenant de la diète
ou des suppléments de protéines ne semble pas apporter autant de bénéfices
qu'un apport additionnel de glutamine isolée. (6) La dose recommandée
varie en fonction de l'intensité du sport. Elle varie de 5 à 10g par
jour en plus de la diète. Selon certains auteurs jusqu'à 20g par jour
peuvent être considérés.
En bref, la plupart des sportifs de haut niveau peuvent bénéficier
des effets de la glutamine puisque le surentraînement peut survenir dans toutes
les disciplines. Pour diminuer les effets du surentraînement et maximiser
les effets de l'entraînement, des apports considérables de nutriments
spécifiques sont nécessaires. Ces nutriments favorisent la récupération
mais n'ont cependant aucun effet d'accroissement de la performance.
Références :
1. Miller AL. Therapeutic Considerations of L-Glutamine: A Review of the Literature.
Altern Med Rev 1999;4:239-248.
2. Castell LM, Poortmans JR, Newsholme EA. Does glutamine have a role in reducing
infections in athletes? Eur J Appl Physiol Occup Physiol . 1996;73(5):488-90.
3. Shephard RJ, Shek PN. Immunological hazards from nutritional imbalance in athletes.
Exerc Immunol Rev . 1998;4:22-48.
4. Peters EM, Anderson R, Nieman DC et al. Vitamin C supplementation attenuates
the increases in circulating cortisol, adrenaline and anti-inflammatory polypeptides
following ultramarathon running. Int J Sports Med . 2001 Oct;22(7):537-43.
5. Bryant RJ, Ryder J, Martino P et al. Effects of vitamin E and C supplementation
either alone or in combination on exercise-induced lipid peroxidation in trained
cyclists. J Strength Cond Res . 2003 Nov;17(4):792-800.
6. MacKay D, Miller AL. Nutritional support for wound healing. Altern Med Rev
. 2003 Nov;8(4):359-77.
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à Jean-Yves Dionne - InfoNaturel.ca Le 13 octobre 2008
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