Le record du monde du 100 mètres une pause santé!
Par Bruny Surin, Médaillé d'or aux Jeux Olympiques et conférencier
Le record du monde du 100 mètres ne cesse de descendre. Mais jusqu'à
quelle vitesse l'homme courra-t-il le 100 mètres ?
J'avais prédit 9.68 secondes depuis plusieurs années mais les gens
me regardaient comme si je venais de la planète Mars.
Celui qui vient tout juste de battre le record du monde à New York au stade
Icahn lors du Grand Prix Reebok s'appelle Usain Bolt, un jamaïcain de 21 ans.
Il m'avait déjà fait très bonne impression lors des mondiaux
juniors à Sherbrooke en 2003. Je l'avais interviewé suite à
sa victoire facile sur 200 mètres. Un grand maigrichon de 6.4 pieds sans
technique. Dès lors je savais qu'il serait très dangereux à
condition qu'il se dote d'une bonne musculature et améliore sa technique
de course. Quelques années ont passé et on a désormais un Bolt
très solide et d'une confiance absolue.
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Le matin de la course, j'annonçais à ma famille et mes amis que j'allais
à New York pour être témoin du record du monde. Personne ne
me prenait au sérieux. Mais j'étais convaincu que Bolt allait le faire
après l'avoir vu courir en 9.76 secondes deux semaines auparavant en Jamaïque.
Arrivés au stade à 4 heures de l'après midi, on s'arrêta
au guichet prendre nos accréditations que l'organisateur Mark Wettmore, aussi
agent du champion olympique Tyson Gay, nous avait réservées. Comme
nous avions 1 heure de battement avant le début de la compétition
nous sommes allés casser la croûte au restaurant Grec « Neptune,
le Dieu de la mer ». Après un repas succulent et très copieux,
on se rendit au stade et déjà on pouvait voir les drapeaux jamaïcains
flotter sur un fond de musique raggae. En fait je dirais que 75% des spectateurs
étaient originaires de la Jamaïque.
Au début de la compétition, le vent soufflait au dessus de la limite
permise. À cause de la pluie et du tonnerre, la compétition a été
interrompue de 45 minutes. Pour distraire les spectateurs, l'annonceur décida
de faire une compétition de chant qu'il baptisa le « Randall Island
Idol ». Il y avait 4 chanteurs dont un jamaïcain, un trinidadien, un
Chinois et un américain. Il fallait qu'ils chantent l'hymne national de leur
pays et puisque c'est le vote du public qui comptait, nul besoin de vous citer le
vainqueur.
Revenons à la vraie compétition. La température baissait et
je commençais à avoir peur pour les sprinters car ils détestent
courir dans le froid, surtout les jamaïcains. Plus la course approchait, plus
j'envoyais des courriels à mes amis pour prédire le record. Restait
à savoir le temps exact.
Puis le moment tant attendu de la soirée arriva. C'était d'ailleurs
la dernière épreuve de la soirée. Je braquais mon appareil
photo au couloir numéro 4, sur Usain Bolt. On pouvait lire la détermination
et la confiance dans son regard. Tyson Gay, autre grand favori, se trouvait au couloir
5. Après un faux départ déclenché par l'américain
Mike Rodgers, la foule semblait déçue, pensant que les sprinters allaient
être trop conservateurs au deuxième départ. En effet, un second
faux départ aurait disqualifié le second fautif, mais heureusement
pour le spectacle ce ne fut pas le cas. Pendant le starter, on pouvait entendre
une mouche voler tant la foule ne voulait pas déranger les sprinters. Au
deuxième départ, Bolt m'a ébloui de son départ canon.
Étant donné son gabarit, je n'aurais jamais imaginé le voir
sortir des blocks si rapidement. Aux 50 mètres je me suis dit ça y
est c'est sur il l'a. Après qu'il ait franchi la ligne le chrono indiquait
9.71 secondes, il l'avait fait. Je sautais et criais tellement, que j'en eus des
maux de tête. J'adore voir l'évolution du 100 mètres, tant au
niveau du chrono que de la technique. Alors, je me disais que j'aurais vraiment
aimé entraîner un sprinter de grand talent et l'aider à battre
le record du monde. J'aimerais exploiter le bagage que j'ai, mais encore faut-il
en avoir l'opportunité.
Je suis donc ravi pour Bolt mais les Jeux Olympiques c'est autre chose. Il faut
courir 4 fois en 2 jours, et l'impact psychologique n'est pas le même. Il
faut faire 4 bons échauffements et parvenir à gérer toute la
pression qui vient au fur et à mesure des courses.
À partir de maintenant je mise tout de même sur Usain Bolt pour le
100 mètres à Pékin. Et qui sait, peut être que le chrono
n'a pas dit son dernier mot !
Pa Bruny Surin, Médaillé d'or aux Jeux Olympiques et conférencier
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à InfoNaturel.ca Le 3 juin 2008
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