Cuisiner avec l’ortie
Par: Jonathan Léger Raymond, herboriste thérapeute accrédité
par la Guilde des Herboristes du Québec, membre de l'ANN. Article présenté en collaboration
avec l'Association Manger Santé Bio.
L’ortie est une plante commune de nos fossés et bords de chemins mais elle ne jouit
par d’une très bonne réputation, sans doute parce qu’elle est envahissante et que
ses piquants urticants d’acide formique nous démangent les mains lorsqu’on la manipule.
Pourtant, l’ortie est une plante hyper-nutritive et aux fonctions polyvalentes que
l’on gagne à redécouvrir. D’ailleurs, les feuilles d’ortie peuvent être apprêtées
en cuisson telles des feuilles d'épinards, récompensant largement les efforts de
désherbage que l’ortie peut nous imposer par son expansion. Voyons tout cela en
détail…
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Description de l’ortie
Originaire d’Eurasie, l’ortie se décline en plusieurs variétés, la plus connue et
utilisée étant la dioïque (Urtica dioica). Elles ont toutes des feuilles opposées
les unes aux autres, d’un vert kaki, plus ou moins lancéolées, aux contours grossièrement
dentelés. Ses fleurs minuscules apparaissent en grappes sous les feuilles, le long
de sa tige carrée. L’ortie fait en moyenne 50 à 150 cm de hauteur et elle forme
souvent de larges talles vertes foncées au bord des chemins et au creux des fossés
où elle prolifère. Il est préférable de récolter ses jeunes feuilles, tôt en été,
avant que la plante ne devienne coriace et produise des fleurs. (1)
Usages médicinaux
Il s’agit d’une plante très nutritive, riche en protéines (9 g par 100 g de feuilles)
et abondamment pourvue en minéraux et oligo-éléments, notamment en fer, magnésium,
sélénium, manganèse, calcium, potassium et phosphore. Elle est également une bonne
source de vitamines B, C et K. Grâce à cette richesse minérale, l’ortie aide aussi
à régulariser la glycémie. (2)
Cet apport en minéraux, combiné à l’ensemble des constituants de l’ortie, procure
un effet tonique sur les glandes surrénales, lesquelles sont largement sollicitées
et cas de stress prolongé et de fatigue. L’ortie peut donc donner du pep aux gens
épuisés par un excès d’activités, à condition de pouvoir s’accorder un minimum de
repos bien sûr ! Ses graines sont par ailleurs capables de régénérer les tissus
endommagés des reins, pourvu que ceux-ci demeurent partiellement fonctionnels.
Par ailleurs, les protéines de l’ortie capturent efficacement l’acide urique et
s’assurent de son expulsion hors de l’organisme par les voies urinaires. L’ortie
étant aussi diurétique (favorise la miction) il s’ensuit qu’elle est un remède spécifique
à l’excès d’acide urique, pouvant être provoqué par un régime trop riche en protéine,
par exemple. Les personnes souffrant de la goutte seront grandement soulagés par
la prise d’ortie sur une base régulière. (3) L’effet diurétique de l’ortie est également
salutaire en cas d’œdème ou d’hyperplasie des organes.
L’aspect urticant de l’ortie est parfois mis à profit afin de stimuler l’irrigation
sanguine locale (effet rubéfiant), sur des membres engourdis ou le cuir chevelu,
par exemple. Paradoxalement, ce côté piquant de l’ortie semble aussi accoutumer
l’organisme aux irritations diverses, puisque la consommation interne d’ortie tend
à diminuer les démangeaisons en général et qu’elle procure un certain effet antihistaminique.
L’ortie est une plante à l’effet généralement asséchant, stimulant et réchauffant,
que de nombreux peuples ont employé pour de multiples fonctions diverses. À titre
d’exemples, les Russes de Sibérie en mangent les jeunes pousses, selon le physicien
Dioscorides, les Romains soignaient la pleurésie, la pneumonie et la faiblesse générale
avec cette plante et les Amérindiens se roulaient dans les talles d’ortie pour fortifier
leur cœur et leur volonté (!).
On peut fabriquer un excellent purin à partir de l’ortie pour enrichir les terres
agricoles : certains ouvrages se consacrent même exclusivement à ce sujet. Faisant
concurrence aux engrais chimiques, c’est une pratique qui fut négligée et parfois
même découragée par les autorités en France mais qui est peu à peu réintroduite
et qui gagne désormais en popularité.
Usages culinaires
Avant de consommer cette plante fraîche, il faudra bien sûr lui enlever sa protection
naturelle urticante. Fort heureusement, il s’agit d’une opération très simple :
les piquants d’acide formique qui recouvrent l’ortie se dissolvent instantanément
dans l’eau chaude, alors il suffit de blanchir l’ortie pour qu’elle devienne comestible.
L’ortie pourra alors s’apprêter à la manière des épinards ou du kale, une excellente
verdure pour farcir vos manicotti, garnir votre lasagne ou enrichir votre soupe
aux légumes. Les possibilités sont multiples. Nathalie Beaudoin, herboriste à la
créativité culinaire débordante, nous livre sa recette de feuilletés d’ortie au
fromage feta.
Si vous n’êtes pas cuisiner dans l’âme, vous pourrez toujours bénéficier des vertus
de cette plante en vous procurant ses feuilles séchées pour en faire des infusions
(1 c. à table comble pour 1 tasse d’eau chaude), ou alors en la consommant sous
forme de capsules ou d’extrait liquide, disponibles dans les magasins d’aliments
naturels.
Je vous laisse en terminant avec une recette de soupe à l’ortie, peu coûteuse, facile
à préparer et, comme vous le savez maintenant, tellement bonne pour la santé !
Soupe à l'ortie
Ingrédients
1 l d'eau
400g de jeunes feuilles d’orties fraîches
1 c. à table de beurre
1 oignon
2 gousses d’ail
1 cube de bouillon de légumes
½ c. à thé curcuma
Poivre au goût
Marche à suivre
1- Faire revenir l’ail et l’oignon coupés en petits morceaux dans le beurre jusqu’à
ce qu’ils commencent à brunir.
2- Ajouter les feuilles d’ortie et faire revenir quelques instants
3- Ajouter l’eau, le bouillon de légumes, le curcuma et le poivre. Mijoter quelques
minutes
4- Servir chaud et déguster !
Jonathan Léger Raymond, herboriste thérapeute accrédité par la Guilde des Herboristes
du Québec, membre de l'ANN. Article présenté en collaboration avec l'Association
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Bilologique Le 13 aout 2012
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Références
(1) F. Millspaugh, Charles. American Medicinal Plants, Dover Publications, New York,
É.-U., 1974, 810 p.
(2) Wood, Matthew. The Book of Herbal Wisdom, North Atlantic Books, Californie,
É.-U., 1997, 580 p.
(3) Gagnon, Caroline et Lanctôt-Bédard, Valérie
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