Le lait a-t-il changé?
Dr Carol Vachon, Docteur en physiologie médicale, consultant en nutrition. Auteur
du livre, Pour l’Amour du bon lait. Article présenté en collaboration avec l'Association
Manger Santé Bio.
Par Dr. Carol Vachon, Docteur en physiologie médicale
Aime-t-on vraiment le lait quand on veut le faire consommer une fois chauffé (pasteurisé),
écrémé, désodorisé, pompé plusieurs fois, homogénéisé (pompage dur) et quoi d’autre
? Tant de transformations réduisent la valeur d’un aliment. Or les autorités persistent
à considérer ce lait dénaturé comme équivalent au lait intact d’autrefois.
Car on affirme : «pourquoi le remplacer par un aliment à risque comme le lait cru
puisque de nombreuses études épidémiologiques associent le lait transformé à la
réduction de l’hypertension et à d’autres effets bénéfiques ? Toutefois, il faut
constater, par exemple, dans le cas de l’hypertension, qu’il n’existe toujours pas
une seule étude, après plus de 30 ans de recherches, montrant qu’on peut améliorer
l’état d’hypertendus avec du lait dénaturé. On le constate à analyser en détails
les grandes synthèses scientifiques publiées sur le sujet, comme celle de Lamarche
en 2008 (1). Les perceptions erronées découlent de la conviction à l’effet que le
lait transformé vaut le lait d’autrefois. Or la transformation du lait semble plutôt
favoriser les troubles de santé.
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On ne découvre pas les vertus de la pomme fraîche en travaillant sur la compote
Or les recherches sont faites uniquement sur le lait transformé. Que valent les
conclusions qu’on en tire ? Si le lait maternel renforce tant le nourrisson, c’est
d’abord parce qu’il est intact. Tout lait comprend une multitude de puissants
facteurs naturels, comme le décrit si bien le Dr Jack Newman, de l’Hôpital pour
enfants malades de Toronto, à propos du lait maternel (2). Ils construisent et équilibrent
tous les systèmes : digestif, immunitaire, nerveux, etc. Ils sont sources de vitalité.
Malheureusement, plusieurs de ces facteurs sont détruits ou dénaturés par les traitements.
Ces facteurs agissant en synergie, ce lait n’a plus l’équilibre et la force
du bon lait cru d’autrefois. Au contraire, des études scientifiques récentes effectuées
sur des dizaines de milliers d’enfants montrent que la consommation de lait cru
réduit fortement les allergies, l’asthme et le rhume des foins (3).
Dangereux le lait intact ?
Malgré le puissant tabou contre le lait cru, il reste légal dans la plupart des
pays du monde, par exemple, en Allemagne, Belgique, Espagne, dans plus de la moitié
des états américains, etc. Le Canada est un des rares pays à l’interdire complètement.
Consommé depuis 10 000 ans, le lait cru l’est par à peu près 100% des producteurs
laitiers, constatation facile à faire sur le terrain. Le congrès régional de l’UPA
de l’Estrie l’a confirmé publiquement devant la presse, le 13 octobre 1999. Dangereux,
un aliment consommé impunément par 100% d’une population, ici les producteurs ?
Et il ne devient pas plus dangereux s’il traverse la rue chez le voisin
d’en face ou plus loin dans la région. Le bœuf haché tue régulièrement au Québec,
mais il est défendu par une puissante industrie.
Le lait cru, source du plus puissant antioxydant
Les antioxydants sont d’une très grande importance pour la santé. Il appert que
le lait cru apporte de grandes quantités de précurseurs du glutathion, le plus puissant
antioxydant de nos cellules. Le glutathion est absolument essentiel, contrairement
aux autres antioxydants qui sont interchangeables. Dénaturé, le lait commercial
n’a plus les précurseurs du glutathion, petite molécule à la base de la vie et essentielle
à notre système immunitaire (4). Les précurseurs du glutathion sont
si importants que c’est dans le lait où il s’en trouve le plus, pour appuyer son
action fondamentale de démarrer le petit dans la vie. Les démonstrations scientifiques
à propos de ces précurseurs sont si puissantes qu’un produit naturel à base de ces
précurseurs s’est mérité d’être listé dans le CPS, la bible des médicaments de tout
médecin et pharmacien au Canada.
Le lait dénaturé vaut-il le bon lait d’autrefois ?
On répondra oui d’emblée. Or tous les manuels techniques sur le traitement du lait
relatent les nombreuses dénaturations qui en résultent, mais on n’en tient pas compte
pour la raison suivante : au tournant des années 1900, dans les grandes villes comme
New York, la pasteurisation y a sauvé 20% des enfants en bas âge, ce qui est considérable.
On ne voyait pas d’autre solution que la pasteurisation. C’est que des industriels
véreux produisaient un lait franchement létal dans ces villes. Plutôt que
d’avoir à changer leurs méthodes, ils ont fait incriminer le lait cru, d’où le tabou.
Pourtant, à la campagne, on consommait apparemment un lait produit dans des
conditions acceptables. Depuis, le milieu scientifique refuse de tester le lait
cru chez l’humain, de sorte qu’on a cessé de vérifier les conséquences de la transformation
du lait.
La mise en marché du lait cru
À l’aide d’un appareillage simple, le producteur embouteillerait lui-même son lait,
y mettant son nom et la date, et le garderait réfrigéré en attente du camion réfrigéré
du distributeur. Traçabilité idéale ! Au contraire, avec ses très grands
volumes et multiples manipulations, l’actuel lait industriel est loin d’assurer
un aussi grand contrôle des conditions de salubrité, selon les relevés, et encore
moins du goût.
Le tabou contre le lait cru a fait naître le projet, heureusement avorté, d’interdiction
du fromage au lait cru par Santé Canada en 1996, contre toute logique scientifique
et contre lequel j’avais réagi en suscitant la formation de la Coalition québécoise
de défense du fromage au lait cru.
Un peu de rationnel scientifique, que diable! pour notre santé et celle de l’économie
des régions. Oui, le lait cru favorise d’abord l’économie locale. Il suscite la
naissance de fromageries originales que des routes gourmandes aideraient à faire
mieux connaître. Malheureusement, on oblige ces artisans à une pléthore de contrôles
autant inutiles que coûteux.
Pour s’y retrouver dans tant de contradictions, vous trouverez d’amples explications
dans mon livre Pour l’amour du bon lait, ainsi que sur
www.bonlait.com.
Références/Bibliographie
1- Lamarche, B. 2008. Review of the effect of dairy products on non-lipid risk factors
for cardiovascular diseases. J Amer Coll Nutr 27 : 741S-746S.
2- Newman, J. How breast milk protects newborns. Scientific American, décembre
1995, pp 76-79.
3- Perkin, MR, 2007. Unpasteurized milk : health or hazard? Clin Exp Allergy
37: 627-630.
4- Bounous, G et Gold, O. 1991. The biological activity of undenatured dietary whey
proteins : role of glutathione. Clin Invest 14 : 296-309.
Profil de l'auteur
Bachelier en biologie, en 1971, puis docteur en physiologie médicale de l'Université
Laval, Carol Vachon a effectué un stage postdoctoral à la Faculté de médecine de
Genève, puis a été attaché de recherche au Centre de recherche en nutrition de l'Université
Laval. Situé à Québec, il est consultant en nutrition depuis 1987 auprès du grand
public, enseignant et chroniqueur. Il a rédigé le livre, Pour l'amour du bon lait,
et d'autres ouvrages sur le lait et les huiles végétales. Initiateur de la
Coalition québécoise fromage au lait cru en 1996. Voir aussi www.bonlait.com.
Dr Carol Vachon, Docteur en physiologie médicale, consultant en nutrition. Auteur
du livre, Pour l’Amour du bon lait. Article présenté en collaboration avec l'Association
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Bilologique Le 1 décembre 2011
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