5 fleurs comestibles dans votre assiette
Par: Jonathan Léger Raymond, herboriste thérapeute accrédité
par la Guilde des Herboristes du Québec, membre de l'ANN. Article présenté en collaboration
avec l'Association Manger Santé Bio.
La saison du printemps annonce aussi la période des semis et nous convie à planifier
le contenu de notre potager. Pour ceux et celles qui apprécient la beauté des fleurs
et souhaitent embellir leur jardin ou leur plate-bande, pourquoi ne pas songer à
semer des fleurs comestibles qui plairont tout autant à votre palais qu’à votre
regard ?
Les fleurs comestibles n’ont pas leur pareil pour donner à vos salades des apparences
princières qui sauront impressionner les convives. De plus, il est possible d’utiliser
à bon escient leurs vertus thérapeutiques, qui sont reflétées par les saveurs déployées
par ces élégantes créatures botaniques.
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Plusieurs fleurs ornementales et sauvages sont comestibles, voire la majorité d’entre
elles : boutons de rose, pétales de pavot, mimosa, pissenlit, marguerite, magnolia,
bégonia, camomille, courgette, fuchsia, hibiscus, géranium… sans compter les fleurs
des plantes aromatiques comme l’aneth, le basilic, le cerfeuil, la menthe, la sauge,
le thym et bien d’autres encore. Un truc pour en obtenir plus : cueillez-les au
fur et à mesure que les fleurs s’épanouissent, afin que la plante ne cesse d’en
produire et ne passe pas tout de suite à l’étape des fruits et des graines.
Concentrons-nous ici sur une sélection de cinq fleurs savoureuses qui font déjà
partie du paysage horticole québécois :
Hémérocalles
Hemerocallis hybride
Tout l’été et l’automne, je me retiens pour ne pas saisir au vol ces fleurs semblables
au lys, douces, croustillantes, charnues à souhait et qui sont très populaires en
jardinage ornemental. Les hémérocalles produisent une profusion de fleurs éphémères.
La floraison s’étend sur une période d’environ 6 semaines entre juin à septembre,
ce qui vous assure un approvisionnement abondant pour une bonne partie de l’été.
(1)
Les hémérocalles ont l’avantage de présenter une certaine consistance, une texture
fantastique et une saveur qui plaira à tous, douce et légèrement piquante en s’approchant
des pistils et du calice de la fleur. Leurs propriétés médicinales des hémérocalles
sont limitées à un apaisement et un rafraîchissement découlant de leur saveur, elle
contribuent donc à tempérer les aspects plus intenses et enflammés de nos êtres.
Bourrache
Borago officinalis
Cette petite plante annuelle de la famille des boraginacées produit de juin à août
des fleurs d’un bleu tirant légèrement sur le mauve, ressemblant à de magnifiques
petites étoiles stylisées à cinq pointes. La couleur de ses fleurs est telle que
l’on pourrait croire qu’elles brillent dans le noir, à l’image des étoiles qu’elles
représentent et leur goût rappelle un peu le concombre. La bourrache constitue une
bonne plante adventice pour les jardins et les terrains en friche.
Rafraîchissante, la bourrache est connue pour humidifier les voies respiratoires
asséchées, et aussi notamment pour chasser les états mélancoliques. (2) Rien qu’à
observer la fleur, on devine qu’elle véhicule surtout cet effet réconfortant et
porteur d’espoir. Placebo ou non, laissons-nous s’émerveiller devant la beauté de
la bourrache et elle évoquera en nous une paisible sérénité.
Capucine
Tropaeolum majus
La plupart des fleurs sont l’incarnation même de la douceur, mais la vive capucine
ne figure pas parmi celles-là ! Les belles grosses fleurs chatoyantes et orangées
de la capucine évoquent sa forte saveur épicée, aux notes poivrée, qui peut surprendre
si on ne s’y attend pas. Comme les autres substances épicées telles la cayenne ou
le gingembre, la saveur piquante active le métabolisme de l’organisme, favorisant
entre autres la digestion et la perte de poids.
La saveur piquante liquéfie par ailleurs le mucus congestionné, stimule le système
nerveux central et s’oppose aux états de paresse et de léthargie. (3) Son aspect
aromatique et son effet stimulant combinés sont fort probablement à l’origine de
sa réputation d’aphrodisiaque.
Au jardin, cette annuelle attire plusieurs insectes et pucerons, les éloignant des
autres plantes du potager. Elle sert d’autre part de couvre-sol ou s’accrochera
à un muret ou un treillis. La variété miniature, Tropaeolum minus, conviendra à
la culture en pot ou en jardinière de la capucine.
Monarde
Monarda didyma
Provenant de la famille des lamiacées, voici une autre fleur au goût « costaud »
et qui présente aussi une apparence particulière. Ses pétales rouges, écartées les
unes par rapport aux autres, ont une forme singulière qui se replie à la base et
termine en pointe. Puisque ces pétales ont tendance à s’envoler au vent, la monarde
à souvent l’air un peu échevelée, ce qui lui donne un aspect sympathique. La monarde
est une plante vivace indigène de l’Amérique, originaire de l’Est des États-Unis
et qui aime les sols frais et bien drainés.
Les effets de la monarde recoupent ceux mentionnés pour la capucine, mais sa saveur
épicée est moins prononcée et plus acidulée. Les amérindiens la faisait macérer
dans une huile qu’ils appliquaient pour entretenir les cheveux. De plus, la monarde
contient une substance antiseptique, le thymol.
Mauve
Malva officinalis
De retour à nos petites douceurs, la mauve est sans doute l’incarnation même de
la délicatesse. Les pétales de cette plante des bords de chemin sont si fines que
votre langue les sentiront à peine alors qu’elles sembleront y fondre aussitôt.
La mauve est riche en mucilage, des fibres hydrosolubles qui se gorgent d’eau et
viennent humidifier les muqueuses respiratoires et digestives. Les mucilages, en
quantité suffisantes, forment une masse humide et gélatineuse qui résout efficacement
les problèmes de constipation légère et chronique dus à la sécheresse. C’est ce
qui arrive généralement aux personnes âgées, et la tisane de mauve est d’ailleurs
un remède connu et populaire parmi nos aînés. L’action des mucilages sera également
salutaire en cas d’irritation ou d’inflammation, apaisant sensiblement ces symptômes.
Jonathan Léger Raymond, herboriste thérapeute accrédité par la Guilde des Herboristes
du Québec, membre de l'ANN. Article présenté en collaboration avec l'Association
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Bilologique Revisé le Le 23 avril 2014
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Références
(1) Millette, Réjean D., Les Hémérocalles, éditions de l’Homme, Québec, 2005.
(2) Gagnon, Caroline et Lanctôt-Bédard, Valérie. Materia Medica. Vol. 1, p. 113.
(3) Dwarkanath, Dr. C., The Fundamental Principles of Ayurveda, Chowkhamba Krishnadas
Academy, Varanasi, 2003. p. 131-133.
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