Transformez vous-même vos plantes médicinales
Première partie (I)
Par,
Gabrielle Champagne,Herboriste-thérapeute
Vous rêver de concocter vous-même, à la maison, vos remèdes traditionnels à base
de plantes médicinales? Cela est tout à fait possible! À l'aide de matériel accessible
et des quelques connaissances de base décrites plus bas, vous serez en mesure d'utiliser
par exemple les plantes alliées poussant dans vos jardins et plate-bandes, en pot
sur votre balcon ou même les plantes fraîches et séchées disponibles sur le marché
pour en faire des concentrés liquides, des onguents, des sirops etc (voir aussi
PARTIE 2). Vous serez également plus à l'aise avec les différents termes du «jargon
herboristique».
Mais attention, ne consommez aucune plante médicinale sans en connaître d'abord
les propriétés et le dosage approprié. Si vous prenez des médicaments, si vous avez
un problème de santé particulier, si vous êtes enceinte ou en période d'allaitement
ou si vous avez le moindre doute par rapport à l'utilisation de certaines plantes,
demandez avant tout conseil à un ou une herboriste qualifié(e).
LES TRANSFORMATIONS À BASE D'EAU
INFUSIONS:
En général, quand on parle d'infusion ou de tisane, il s'agit de faire tremper
dans l'eau fraîchement bouillie (préférablement avec un couvercle) de 1 c. à thé
à 1 c. à table de plantes séchées (ou environ le double de plantes fraîches) pendant
10 à 20 minutes. Ce mode de préparation est habituellement réservé aux parties délicates
des plantes comme les fleurs et les feuilles; on peut aussi incorporer dans les
tisanes des graines que l'on a d'abord moulues grossièrement au mortier ou au moulin
à café (ex.: cardamome, fenouil, anis).
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Les infusions longues, d'une durée de plusieurs heures (jusqu'à environ 8h),
sont réservées aux parties plus coriaces des plantes comme les racines, les écorces,
les baies ou alors pour certaines parties aériennes qui ne contiennent pas vraiment
de substances volatiles mais plutôt une abondance de minéraux qu'on extraira davantage
avec ce type d'infusion (ex.: feuilles d'ortie, sommités fleuries d'avoine).
Il est aussi possible de préparer des infusions froides. Pour ce faire, les
plantes tremperont dans l'eau froide pendant plusieurs heures. Ce type d'infusion
convient bien aux plantes contenant des mucilages (ex.: racine de guimauve, graines
de fenugrec) ou aux plantes riches en huiles essentielles/principes volatiles qui
sont plus facilement perdus avec la chaleur de l'eau (ex.: racine d'aunée).
*Il est rare que l'on conserve les infusions plus de 24h. Si oui, mettre au réfrigérateur
et consommer le plus rapidement possible; éviter de boire si l'odeur ou le goût
changent drastiquement.
DÉCOCTIONS:
On utilise également ce procédé pour les parties plus coriaces des plantes telles
que mentionnées plus haut, c'est-à-dire les racines (sauf celles qui contiennent
beaucoup d'huiles essentielles), les écorces, les baies séchées ainsi que certains
champignons. Pour faire une décoction, il suffit de mettre 1 c. à thé de plante(s)
en morceaux (la quantité peut varier selon les plantes) par tasse d'eau froide dans
un chaudron avec couvercle et d'amener près du point d'ébullition. On remet ensuite
à feu doux et on laisse mijoter (frémir), toujours avec le couvercle, pour environ
dix à vingt minutes. Les décoctions se conservent quelques jours au réfrigérateur.
Certaines plantes, encore plus coriaces que d'autres, nécessitent une décoction
plus longue pouvant aller jusqu'à une ou deux heures (ex.: racine d'astragale, reishi).
BAINS ET COMPRESSES
Pour un bain médicinal (bain complet), rajoutez simplement deux litres d'une infusion
ou d'une décoction déjà filtrée à l'eau du bain. Voici quelques exemple:
- Pour un bain de détente: Infusion de lavande et/ou camomille
- Pour un bain énergisant: Infusion de thym et/ou romarin et/ou menthe poivrée
- En cas de problème de peau: Infusion de calendule
Les infusions et décoctions s'utilisent également pour des bains partiels comme
les bains de pieds pour traiter le pied d'athlète par exemple ou les bains de siège
soignant entre autres hémorroïdes, fissures anales ou déchirures du périnée.
Les compresses, quant à elles, se réalisent en imbibant un morceau de tissu ou une
gaze avec une infusion ou une décoction ou même en utilisant de l'eau dans laquelle
on a dilué un concentré liquide (voir partie 2). On applique ensuite le tout sur
la partie du corps à traiter. Cela pourrait être fait par exemple pour désinfecter
une plaie ou soulager un problème cutané.
CONCENTRÉS ET SIROPS
On nomme «concentré» une infusion ou une décoction qu'on a filtrée et remise sur
le feu, sans couvercle, pour la faire doucement réduire. La préparation peut frémir
légèrement ou simplement laisser échapper de la vapeur mais sans bouillir fortement.
On peut réduire le liquide de moitié, jusqu'au tiers ou jusqu'au quart par rapport
à la quantité de départ ce qui multiplie la puissance de la préparation ainsi que
sa durée de conservation. Un concentré peut être bu tel quel et être conservé au
frigo ou servir à préparer un sirop.
En herboristerie, les recettes de sirop sont multiples mais le principe de préparation
reste sensiblement le même. Ce dernier consiste à utiliser un concentré (réduit
au minimum de moitié) auquel on ajoute un ou plusieurs agents sucrants et/ou de
conservation (sucre, miel, glycérine, alcool etc.). À l'époque, quand les réfrigérateurs
n'existaient pas, on saturait complètement la préparation avec du sucre blanc pour
assurer sa conservation à la température de la pièce. Aujourd'hui, puisqu'il est
possible de conserver notre sirop au frais, on peut se permettre d'utiliser une
quantité moindre de sucre et des sources de sucre un peu plus saines comme le miel,
la mélasse «blackstap» ou le sucre de canne non raffiné. Voici quelques recettes
pigées chez différents auteurs:
- 250 ml de concentré + 250 g de sucre
- 500ml de concentré auquel on ajoute 30-60ml de miel + 30-60ml de glycérine + quelques
c. à soupe de brandy ou de teinture(s)
- 1 tasse de concentré pour 1/4 à 1/2 de tasse de miel + alcool à l'oeil (ex.: 1
à 3 c. à soupe)
Souvent, quand on pense à un sirop, on l'associe d'emblée à un remède pour la toux.
Les sirops maison à base de plantes excellent d'ailleurs dans ce genre de traitement.
Mais au fond, quand on fait soi-même son sirop, on peut y incorporer les plantes
de notre choix et donc une multitude de vertus possibles. La consommation des plantes
sous forme de sirops a ses avantages: les quantités à prendre sont beaucoup plus
petites et la saveur sucrée vient adoucir le goût parfois moins agréable du concentré
(super pour les enfants). Alors pourquoi ne pas concocter un sirop pour tonifier
les glandes surrénales, traiter le système digestif ou tout simplement comme supplément
nutritif? Il s'agit d'être créatif!
Continuez à découvrir d'autres préparations traditionnelles à base de plantes médicinales
dans l'article:TRANSFORMEZ VOUS-MÊME VOS PLANTES MÉDICINALES PARTIE 2».
BIBLIOGRAPHIE
CHEVALLIER, Andrew. Encyclopédie des plantes médicinales, Sélection Reader's
Digest, Édition canadienne, 1997.
GAGNON, Caroline. LANCTÔT-BÉDARD, Valérie. Herboristerie vocabulaire et concepts,
École d'herboristerie Flora Medicina, 2003-2004.
GLADSTAR, Rosemary. Herbal healing for women, Fireside, U.S.A., 1993.
GREEN, James. The herbal medecine-maker's handbook, Crossing press, U.S.A.,
2002.
JILL ROMM, Aviva. Naturally healthy babies and children, Celestial arts,
Canada, 2003.
WEED, Susun. Healing wise, Ash Tree Publishing, New York, 1989.
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Le 20 avril 2010 | Consultez
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