Transformez vous-même vos plantes médicinales
Deuxième partie (II)
Par,
Gabrielle Champagne,Herboriste-thérapeute
CONCENTRÉS LIQUIDES
TEINTURES
Cette expression porte souvent à confusion car ce qu'on appelle une teinture en
herboristerie traditionnelle ne sert pas à teindre proprement dit. Il s'agit en
réalité d'une macération de longue durée de plantes médicinales dans l'alcool de
laquelle résultera un concentré liquide habituellement consommer sous forme de gouttes
en interne. L'alcool a la réputation d'être le plus puissant des solvants. Le terme
«solvant» correspond au liquide dans lequel les plantes sont macérées (alcool, vinaigre,
glycérine etc.); ce dernier a la capacité d'extraire et de conserver les différentes
substances curatives des plantes. Le pourcentage d'alcool utilisé varie habituellement
entre 20% et 94%. Dans le cas des plantes contenant des résines, beaucoup d'huiles
essentielles ou alors des plantes plutôt coriaces, on recherche un pourcentage d'alcool
plus élevé. Mais en général, un alcool à 40% comme la vodka ou le brandy fait bien
l'affaire. Les teintures se conservent pendant des années et ne nécessitent que
peu de plantes pour être fabriquées.
Méthode traditionnelle
- Utiliser pour cette méthode des plantes fraîches cueillies la journée même (faire
macérer les plantes séparément)
- Hacher la plante à l'aide d'une planche et d'un bon couteau
- Remplir presque à rebord un pot de verre préalablement stérilisé (voir Stérilisation
et étiquetage) avec la plante hachée
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- Remplir une deuxième fois le pot avec l'alcool choisi de manière à recouvrir complètement
la plante. Il est préférable de sélectionner un pot qui conviendra parfaitement
à notre quantité de plante, c'est-à-dire qu'il ne restera aucun espace une fois
la plante immergée dans l'alcool
- Refermer le pot et bien étiqueter (voir Stérilisation et étiquetage)
- Entreposer à l'abri de la lumière pendant 6 semaines en brassant le pot si possible
tous les jours
- Si le niveau d'alcool baisse les premiers jour (il est plus prudent de vérifier)
il sera alors nécessaire d'en rajouter pour que la plante demeure immergée
- Après 6 semaines, filtrer la préparation à l'aide d'un filtre à café non blanchi,
de plusieurs épaisseurs de coton à fromage ou d'un tissu par exemple puis l'embouteiller
dans une ou plusieurs bouteilles de verre ambré bien étiquetée(s) (voir Stérilisation
et étiquetage)
Certains utilisent un ratio poids:volume précis afin d'en arriver à une concentration
constante et connue. Le ratio le plus fréquemment employé en ce qui concerne les
plantes fraîches est de 1:2, c'est-à-dire une part en grammes de plantes pour deux
parts en millilitres d'alcool. Il est tout aussi faisable de réaliser une teinture
avec des plantes séchées quoique ce ne soit pas l'idéal pour certaines herbes. Le
ratio moyen est alors de 1:5.
VINAIGRES
Le vinaigre de cidre de pomme biologique constitue un autre solvant intéressant.
Pour atteindre un plus grand pouvoir d'extraction, il est idéal d'utiliser un vinaigre
à 8% d'acide acétique (non nécessaire pour un vinaigre strictement culinaire). Le
vinaigre de cidre est excellent pour extraire les vitamines et minéraux en plus
d'être lui même bourré de substances minéralisantes. Il est donc idéal pour des
plantes nutritives et toniques qu'on peut consommer quotidiennement comme l'ortie,
le framboisier, l'avoine, le pissenlit etc. Il extrait aussi plusieurs alcaloïdes,
les tanins, les principes amers... Certains herboristes préfèrent n'employer que
ce solvant puisqu'il représente en lui-même un remède et un aliment de choix. Les
vinaigres se conservent moins longtemps que les teintures quoiqu'ils peuvent très
bien survivre plusieurs années. On les confectionne exactement comme les teintures
et, pareillement à ces dernières, ceux-ci s'utilisent en interne mais peuvent aussi
servir de liniment (préparation servant à frictionner certaines parties du corps)
ou être ajoutés aux compresses, bains, douches vaginales etc.
GLYCÉRÉS
Voici un troisième solvant populaire en herboristerie traditionnelle: La glycérine
végétale. La glycérine est un liquide transparent, inodore, à la consistance
sirupeuse et au goût sucré, issu des corps gras. Encore une fois, on prépare un
glycéré comme on le ferait pour une teinture. Il est toutefois préférable de toujours
diluer la glycérine au préalable avec de l'eau distillée car celle-ci peut être
légèrement irritante à l'état pur. Le pourcentage de glycérine varie généralement
de 50 à 80%. Plus la plante contient elle-même de l'eau, plus la concentration de
glycérine sera élevée et au contraire, moins il y a d'humidité, plus on diluera
la glycérine. Les glycérés ont une durée de vie et une concentration un peu moins
importantes que les teintures. Par contre, ils conviennent bien aux personnes qui
ne peuvent absolument pas consommer d'alcool ainsi qu'aux enfants qui apprécient
sont goût sucré. On peut rajouter les glycérés aux sirops comme agents de conservation.
PRÉPARATIONS À BASE D'HUILE
HUILES INFUSÉES
Les huiles végétales dans lesquelles ont a fait macérer des plantes médicinales
font également partie de la pharmacopée des herboristes. Quoique l'huile d'olive
soit la plus populaire, les huiles d'amande douce, de sésame, de tournesol ou de
pépin de raisin représentent autant d'options intéressantes. On utilise pour ce
procédé des plantes fraîches ou séchées. Pour une première expérience, il peut être
plus facile d'opter pour les plantes séchées qui auront moins tendance à créer des
moisissures. Si vous décidez d'utiliser des plantes fraîches, assurez-vous de les
cueillir par temps ensoleillé une fois que la rosée s'est dissipée puis de les laisser
faner quelques heures afin que l'excédant d'humidité s'évapore.
Ensuite on doit choisir de procéder à une macération à froid ou à chaud. La macération
à froid s'exécute de la même façon qu'un concentré liquide. L'idéal pour une macération
à chaud est de chauffer la préparation le plus longtemps possible à une température
la plus douce possible. L'herboriste James Green, bien connu pour son ouvrage sur
les transformations, recommande de ne pas chauffer l'huile à plus de 100°F et cela
pendant 10 jours en utilisant un bain-marie, une rôtissoire électrique ("meat
roaster vat") ou une yaourtière. Par contre, dépendamment des herboristes,
plusieurs méthodes dont les suivantes sont suggérées:
u Utiliser une mijoteuse pour deux à quatre heures seulement puisque la température
y est plus élevée
u Mettre l'huile et la plante dans un plat avec couvercle allant au four et chauffer
à la plus basse température possible pendant quelques heures
u Mijoter l'huile et la plante au bain marie pendant 30 à 60 minutes ou même 3 à
4 heures selon les sources (attention pour ne pas vous retrouver avec des plantes
frites car la température de l'huile peut augmenter rapidement)
ONGUENTS
Fabriquer un onguent est simple comme bonjour! Le principe consiste à chauffer un
mélange d'huile(s) infusée(s) et de cire d'abeille jusqu'à ce que cette dernière
fonde. Mettez-y un quart de tasse de cire d'abeille en petits morceaux (ou davantage
pour un onguent plus solide) pour une tasse d'huile. Il s'agit ensuite de verser
le mélange dans de petits pots pendant qu'il est encore liquide. Et rien ne vous
empêche d'y ajouter d'autres ingrédients tels de la vitamine E liquide, des huiles
essentielles ou des teintures.
STÉRILISATION ET ÉTIQUETTAGE
Par souci de salubrité, il est préférable de stériliser les pots et bouteilles de
verre servant à la macération et à l'entreposage de vos préparations en les faisant
bouillir dans l'eau une dizaine de minutes. On peut faire de même pour les tasses
à mesurer utilisées s'il y a lieu. Tous les instruments comme les couteaux, ciseaux,
planches etc. doivent être parfaitement propres. Certains les nettoie d'abord avec
un peu d'alcool fort.
Durant la macération et par la suite lors de l'entreposage, vos pots et bouteilles
doivent être étiquetés avec soin. Voici les détails devant se retrouver sur l'étiquette:
Nom français et latin de la plante, sa provenance, plante fraîche ou séchée, le
ou les solvants utilisés ainsi que leurs proportions, date du début de la macération,
préparation réservée à l'usage externe seulement si c'est le cas puis si possible
le poids de la plante en grammes et le volume d'alcool en millilitres.
***
Surtout ne vous découragez pas par les erreurs en cours de route. Vous vous sentirez
plus à l'aise au fil des expérimentations et découvrirez les joies d'être autonome
et d'établir un contact différent et magique avec les végétaux qui vous entourent.
BIBLIOGRAPHIE
CHEVALLIER, Andrew. Encyclopédie des plantes médicinales, Sélection Reader's
Digest, Édition canadienne, 1997.
GAGNON, Caroline. LANCTÔT-BÉDARD, Valérie. Herboristerie vocabulaire et concepts,
École d'herboristerie Flora Medicina, 2003-2004.
GLADSTAR, Rosemary. Herbal healing for women, Fireside, U.S.A., 1993.
GREEN, James. The herbal medecine-maker's handbook, Crossing press, U.S.A.,
2002.
JILL ROMM, Aviva. Naturally healthy babies and children, Celestial arts,
Canada, 2003.
WEED, Susun. Healing wise, Ash Tree Publishing, New York, 1989.
Gabrielle Champagne, Herboriste-thérapeute | InfoNaturel.ca |
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Le 20 avril 2010 | Consultez
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