Comment lire les étiquettes des produits cosmétiques
Au Canada ainsi qu’aux États-Unis, dans l’Union européenne et au Japon, les noms
des ingrédients sont répertoriés sur les étiquettes des produits cosmétiques en
fonction de la quantité, en ordre décroissant: du plus grand pourcentage qu’ils
occupent dans le produit jusqu’au plus petit et jusqu’à concurrence de 1 %. En bas
de 1 % ils sont énumérés aléatoirement. Pour désigner les ingrédients, on utilise
le « INCI » conçu en 1973 (International Nomenclature of Cosmetic Ingredients)
ce qui permet de savoir ce que contiennent les cosmétiques et de standardiser leurs
appellations qui sont les mêmes dans tous les pays qui utilisent ce système. L’INCI
se base sur deux langues: le latin pour désigner les plantes et l’anglais pour nommer
certaines molécules. Les ingrédients parfumés sont regroupés sous le nom de « Parfum
» et les colorants sont désignés, en majorité, par un Colour Index, qui s'écrit
CI, puis un nombre à 5 chiffres.
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Malgré les réels progrès que l’instauration du système INCI amène, on ne peut identifier
quels sont les ingrédients en bas de 1% qui font partie de la composition car sur
l’étiquette il n’y pas de ligne séparatrice entre ceux en haut de 1% et ceux
en bas de 1%.
Un autre inconvénient de cette nomenclature est qu’elle est incompréhensible pour
le consommateur qui, en plus, ne peut savoir exactement la quantité exacte des ingrédients,
(seul le fabricant peut le savoir), ni leur origine.
Décrypter tous ces mots « barbares » n’est pas une tâche facile même si vous avez
eu de bonnes notes au cours de latin. Ainsi, vous aurez peut-être des chances de
comprendre « lavandula » pour la lavande et l’omniprésent « aqua » pour l’eau. Disons
que pour une fois nous sommes avantagés par notre situation géographique, car quelques
mots d’origine anglo-saxonne (wax, oil, water (pour eau florale) ou buter) vont
aussi être facilement repérables. Pour le reste, (10 500 ingrédients) lorsqu’on
n’est pas biochimiste ou spécialiste dans la fabrication des cosmétiques, on doit
se souhaiter bonne chance !
Exemple d’étiquette avec nomenclature INCI
Ingrédients : AQUA – STEARIC ACID – CETEARYL ETHYLHEXANOATE – CETEARYL ALCOHOL –PARAFINUM
LIQUIDUM – CAPRYLOYL GLYCINE –POLYSORBATE 80 – CERA ALBA – PEG-8 –TRIETHANOLAMINE
– SODIUM LAURYL SULFATE –SODIUM CETEARYL SULFATE – PARFUN – ALPHA ISOMETHYLIONONE
– BENZYL SALICYLATE – LYRAL
Il est important d’observer les premiers ingrédients (4 à 8 premiers nommés) car
ils forment la base du produit et leur quantité confère la qualité du produit.
Le 16 novembre 2006, les lois sur l’étiquetage des cosmétiques ont été modifiées
au Canada, obligeant les fabricants à inscrire sur l’emballage de leurs produits
la liste complète des ingrédients INCI. Malheureusement certains ingrédients peuvent
être regroupés et protégés sous un mon générique, c’est le cas du « Parfum
» ou « Fragrance » et sont généralement des ingrédients synthétiques non
identifiables par le consommateur sauf si l’on indique clairement (par un astérisque
*) qu’ils proviennent d’un extrait, d’une huile essentielle ou d’une huile végétale,
donc qu’ils sont d’origine naturelle et végétale. Ces parfums d’origine synthétique
sont toxiques pour l’humain en provoquant des allergies et de l’asthme et, parfois
même, peuvent contenir du toluène et des phtalates.1
Les ingrédients protégés par le « secret professionnel » constituent
une véritable boite de Pandore de l’industrie cosmétique conventionnelle et
le consommateur n’a aucun moyen de se protéger contre ces 3000 ingrédients tenus
secrets. « Ce que nous savons, c’est que bon nombre de ces ingrédients cachés sont
irritants et qu’ils peuvent causer des crises allergiques ainsi que des migraines
et de l’asthme14. Les individus souffrants de la poly sensibilité
chimique (MCS) ou des maladies liées à l’environnement sont particulièrement vulnérables,
puisque les fragrances sont impliquées à la fois dans le développement de leurs
affections et le déclenchement des symptômes15. Au cours d’essais
de laboratoire, des ingrédients de fragrance particuliers ont été associés à des
cancers16, à la neurotoxicité17 et
à d’autres effets négatifs sur la santé ».2
La mention "non parfumé" ne représente aucune protection non plus,
car les fabricants utilisent d’autres substances toxiques pour masquer les odeurs
désagréables du produit. L’étiquette « non parfumé / sans parfum », selon le site
de Santé Canda, signifie qu’ « il n’y a pas de parfums ajoutés, ou qu’il y a un ingrédient
qui masque l’odeur des autres ingrédients dans le cosmétique »
Contrairement aux lois de l’Union européenne qui a identifié (depuis 2005 déjà)
de façon accessible à la population une liste de 26 substances allergènes
dont la présence doit être mentionnée sur l’étiquette du produit3,
au Canada, il n’y a pas de législation encadrant l’affichage des ingrédients allergènes
contenus dans le parfum ni la quantité de parfums permise dans un produit cosmétique.
Malheureusement, l’INCI « Parfum » peut être protégé même dans le cas des cosmétiques
certifiés biologiques.4 La liste critique5 des ingrédients
cosmétiques de Santé Canada vise seulement à restreindre l’utilisation de certaines
substances et elle n’a aucun pouvoir juridique.
Contrairement aux produits alimentaires et aux médicaments, les produits cosmétiques
et les matières premières utilisées lors de leur fabrication ne font pas l’objet
d’une approbation gouvernementale avant d’être vendus. La seule chose
qu’on exige des fabricants, c’est de fournir à Santé Canada, 10 jours après
la mise en vente d’un nouveau produit, le nom de tous les ingrédients qu’il contient
même si ces ingrédients n’ont pas été évalués.
Depuis quelques années, on remarque de plus en plus de produits cosmétiques aux
étiquettes en vogue avec de jolies fleurs printanières et des inscriptions comme
« Vert », « Green », « Natural », « Bio », « Eco-Friendly » et « Hypoallergénique
». Bien que cela ne soit pas le cas de tous les fabricants, malheureusement, sous
ces apparences rassurantes, se cache souvent une autre astuce marketing pour attirer
les consommateurs. D’aucune façon ces inscriptions peuvent-elles donner quelque garantie
que ce soit, car il n’existe à ce jour aucune définition légale ni certification
particulière pour ces mots.
-« le terme « hypo allergène » n’est ni juridique ni même scientifique.
Il signifie simplement que le fabricant a choisi des ingrédients de façon à obtenir
un produit fini qui amoindrit le risque des réactions allergiques. Il n’y a pas
de garantie que le produit ne causera pas de réactions allergiques chez certains
individus car les gens peuvent être allergiques à un vaste nombre de substances.
Il n’existe pas de cosmétiques non allergènes ». (Citation extraite du site de Santé
Canada).
-le mot « naturel » sur l’emballage ou l’étiquette d’un produit de beauté
ne vous garantit rien du tout! Si en Allemagne il existe une règlementation bien
stricte quant au contenu du mot « naturel » garantissant au consommateur un
produit véritablement naturel, en France et au Canada seulement une certification
biologique vous garantit un produit fiable de ce point de vue ; le mot bio
seul, sans certification, est dépourvu de garantie et ne représente qu’un slogan
accrocheur sans qu’aucune obligation légale n’incombe au fabricant. Ces deux mots
(« naturel » et « bio ») sont souvent confondus par le consommateur qui ne sait
plus où donner de la tête avec toutes les promesses qui l’assaillent aussitôt qu’il
regarde l’étiquette du produit.
On peut s’afficher « vert », ce qui ne veut légalement rien dire, et continuer
à utiliser les classiques PEG ou BHT. Dans la foulée, certaines compagnies vont
mettre de l’avant quelques (un ou deux) produits ou ingrédients « santé »
ou « naturels », « sans parabènes » ou une longue liste de « SANS » alors
que tous les autres composants n’ont rien de naturel ou de sain. Lorsque vous lisez
: sans colorant, sans parabène, avec Aloès Véra, avec vitamine E ou C etc., ne perdez
pas de vue que ce qui compte réellement, c’est la liste INCI.
Malheureusement, la mode du « green » pousse les entreprises à pratiquer un
commerce mensonger. Suite à la lecture du rapport de Terra Choice sur le « greenwashing
» intitulé Les péchés de mascarade écologique (édition 2010), on apprend
que plus de 95% des prétentions écologiques des entreprises se sont avérées fausses
ou, du moins, inexactes. On s’intéresse dans cette enquête davantage aux produits
domestiques que cosmétiques mais, quand même, notre confiance est ébranlée.
Ce que l’on appelle en Europe la « 7e clause » est l’obligation du fabricant d’indiquer
« la période de stabilité » du produit, c’est à dire le temps pendant lequel
on peut consommer le produit après ouverture. Bien que certaines compagnies l’affichent,
sachez que, légalement, au Canada le fabricant n’a pas l’obligation d’indiquer ni
la période de stabilité ni une date d’expiration quelconque bien que tout le monde
sache que, notamment dans les produits biologiques, le temps de vie du produit est
raccourci, car il contient des conservateurs moins résistants comme les huiles essentielles
par exemple.
Pour des conseils concernant le temps de prescription des cosmétiques en général
ou pour savoir comment lire la PAQ (Période Après Ouverture) au cas où elle se trouve
sur le récipient, cliquez
ici.
Le label de recyclage, (le ruban de Mobius), sert à reconnaître les objets
élaborés à partir de matériaux recyclables (pourcentage indiqué) ou bien si le contenant
ou l’emballage du produit est recyclable.
Les mots « écologique » et « équitable » ne s’appliquent pas beaucoup aux
cosmétiques. Un produit issu du commerce équitable est généralement fait dans un
souci de l’environnement, il défend les prix d’achat en faveur des producteurs du
Tiers Monde et leurs conditions de travail, mais il ne présente aucune garantie
quant à l’innocuité du produit, car les ingrédients ne sont pas garantis naturels
ni biologiques. En fait, dans le langage courant on parle d’ « écologique » surtout
pour l’emballage.
L’étiquette d’un produit cosmétique doit obligatoirement comprendre le non et l’adresse
du fabricant, des spécifications relatives au contenu en poids ou en volume, les
précautions particulières d’emploi s’il y en a, le numéro et lot de fabrication
et la fonction du produit cosmétique.
Malgré les lois, il y a encore des produits en vente sans liste d’ingrédients INCI
ou ayant une liste incomplète. Selon un sondage2 effectué par la Fondation
David Suzuki, sur 12 500 produits de soins personnels, plus de 1000 produits présentaient
une étiquette incomplète ou pas clairement indiquée.
Références:
1 Le rapport
Not So Sexy: The health risks of secret chemicals in fragrance, Canadian Edition,
rédigé par les chercheurs de Canada Environmental Defence et de Campaign
for Safe Cosmetics, montre que 12 des 17 parfums testés contenaient du phtalate
de diéthyle, une substance chimique toxique décelée chez 97 % des Américains.
Le phtalate de diéthyle serait responsable du développement anormal des organes
génitaux chez les bébés de sexe masculin et de différentes anomalies observées dans
le sperme d’hommes adultes. Si vous voulez en savoir plus sur ce rapport, l’émission
télévisée La Facture diffusée sur les ondes de Radio Canada a consacré une
émission sur le sujet. Vous trouverez aussi un très bon résumé de ce rapport sur
le site de l’EWG ainsi que des exemples de marques de parfums contenant ces ingrédients
toxiques.
2 ISBN 978-1-897375-35-8 Ce qui importe le plus c’est le contenu,
Fondation David Suzuki p. 14
14, 15, 16 et 17 sont les références citées par l’extrait ci-haut.
14. Thyssen, JP et al., « Contact sensitization to fragrances in the general population:
a Koch’s approach may reveal the burden of disease », British Journal of Dermatology
460, no 4 (avril 2009): 729-35; Kelman, L., « The triggers or precipitants of the
acute migraine attack », Cephalalgia 27, no 5 (mai 2007): 394-402; Millqvist E.
et O.Löwhagen, « Placebo-controlled challenges with perfume in patients with asthma-like
symptoms », Allergy 51, no 6 (juin 1996): 434-9.
15. Sears, ME, Le point de vue médical sur l’hypersensibilité environnementale (Commission
canadienne des droits de la personne, mai 2007), www.chrc-ccdp.ca/pdf envsensitivity_fr.pdf;
Ashford, Nicholas A. et Claudia S.Miller, Chemical Exposures: Low Levels and High
Stakes,2e éd. (New York: John Wiley & Sons, 1998).
16. NTP toxicology and carcinogensis Studies of 2,4-hexadienal (89%
trans, trans isomer, CAS no 142-83-6; 11% cis, trans isomer) (Gavage Studies), National
Toxicology Program Technical Report Series (U.S. National Toxicology Program, October
2003); NTP toxicology and carcinogenesis studies of methyleugenol (CA S no 93-15-2)
in F344/N rats and B6C3F1 mice (Gavage Studies),Nat Toxicol Program Tech Rep Ser
(U.S. National Toxicology Program, juillet 2000)
17. Anderson RC et Anderson JH, « Acute toxic effects of fragrance products
», Archives of Environmental Health53, no 2 (avril 1998): 138-46.
3Les normes européennes sur l’étiquetage des produits cosmétiques sont
plus exigeantes. L’Union européenne exige que 26 ingrédients de fragrance, que l’on
sait allergènes, soient dûment identifiés dans les listes d’ingrédients des produits
cosmétiques, ces ingrédients sont disponibles sur la page
Crèmes non toxiques pour le corps du Guide de produits d’hygiène, de beauté
et des cosmétiques non toxiques.
4voir plus à ce sujet dans le
Guide de produits d’hygiène, de beauté et des cosmétiques non toxiques
5 Il est vrai que certains ingrédients cancérigènes ou toxiques (le dioxane
1,4, les phtalates, le plomb, l’oxyde d’éthylène) ne sont pas indiqués sur la liste
INCI des ingrédients car ils sont présents dans le produit soit par contamination,
soit par réaction entre les ingrédients de la formule respective. Les lois ne tolèrent
pas ces ingrédients dans les formules, mais tolèrent la contamination avec ces substances
cancérigènes au non des sacro-saintes « petites doses tolérables » sur lesquelles
les normes ont été bâties. La recherche récente (la
toxicité du plomb par exemple) montre que même à petites doses ces
ingrédients sont très dangereux pour la santé, mais les normes ne se sont pas ajustées…
Cornelia Dum, spécialiste en cosmétologie (non toxique) | InfoNaturel.ca | Le 18
juin 2012 Consultez mon
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