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Cuisiner avec l’ortie

L’ortie est une plante commune de nos fossés et bords de chemins mais elle ne jouit par d’une très bonne réputation, sans douteCuisiner avec l’ortie parce qu’elle est envahissante et que ses piquants urticants d’acide formique nous démangent les mains lorsqu’on la manipule. Pourtant, l’ortie est une plante hyper-nutritive et aux fonctions polyvalentes que l’on gagne à redécouvrir. D’ailleurs, les feuilles d’ortie peuvent être apprêtées en cuisson telles des feuilles d'épinards, récompensant largement les efforts de désherbage que l’ortie peut nous imposer par son expansion. Voyons tout cela en détail…

Description de l’ortie

Originaire d’Eurasie, l’ortie se décline en plusieurs variétés, la plus connue et utilisée étant la dioïque (Urtica dioica). Elles ont toutes des feuilles opposées les unes aux autres, d’un vert kaki, plus ou moins lancéolées, aux contours grossièrement dentelés. Ses fleurs minuscules apparaissent en grappes sous les feuilles, le long de sa tige carrée. L’ortie fait en moyenne 50 à 150 cm de hauteur et elle forme souvent de larges talles vertes foncées au bord des chemins et au creux des fossés où elle prolifère. Il est préférable de récolter ses jeunes feuilles, tôt en été, avant que la plante ne devienne coriace et produise des fleurs. (1)

Usages médicinaux

Il s’agit d’une plante très nutritive, riche en protéines (9 g par 100 g de feuilles) et abondamment pourvue en minéraux et oligo-éléments, notamment en fer, magnésium, sélénium, manganèse, calcium, potassium et phosphore. Elle est également une bonne source de vitamines B, C et K. Grâce à cette richesse minérale, l’ortie aide aussi à régulariser la glycémie. (2)

Cet apport en minéraux, combiné à l’ensemble des constituants de l’ortie, procure un effet tonique sur les glandes surrénales, lesquelles sont largement sollicitées et cas de stress prolongé et de fatigue. L’ortie peut donc donner du pep aux gens épuisés par un excès d’activités, à condition de pouvoir s’accorder un minimum de repos bien sûr ! Ses graines sont par ailleurs capables de régénérer les tissus endommagés des reins, pourvu que ceux-ci demeurent partiellement fonctionnels.

Par ailleurs, les protéines de l’ortie capturent efficacement l’acide urique et s’assurent de son expulsion hors de l’organisme par les voies urinaires. L’ortie étant aussi diurétique (favorise la miction) il s’ensuit qu’elle est un remède spécifique à l’excès d’acide urique, pouvant être provoqué par un régime trop riche en protéine, par exemple. Les personnes souffrant de la goutte seront grandement soulagés par la prise d’ortie sur une base régulière. (3) L’effet diurétique de l’ortie est également salutaire en cas d’œdème ou d’hyperplasie des organes.

L’aspect urticant de l’ortie est parfois mis à profit afin de stimuler l’irrigation sanguine locale (effet rubéfiant), sur des membres engourdis ou le cuir chevelu, par exemple. Paradoxalement, ce côté piquant de l’ortie semble aussi accoutumer l’organisme aux irritations diverses, puisque la consommation interne d’ortie tend à diminuer les démangeaisons en général et qu’elle procure un certain effet antihistaminique.

L’ortie est une plante à l’effet généralement asséchant, stimulant et réchauffant, que de nombreux peuples ont employé pour de multiples fonctions diverses. À titre d’exemples, les Russes de Sibérie en mangent les jeunes pousses, selon le physicien Dioscorides, les Romains soignaient la pleurésie, la pneumonie et la faiblesse générale avec cette plante et les Amérindiens se roulaient dans les talles d’ortie pour fortifier leur cœur et leur volonté (!).

On peut fabriquer un excellent purin à partir de l’ortie pour enrichir les terres agricoles : certains ouvrages se consacrent même exclusivement à ce sujet. Faisant concurrence aux engrais chimiques, c’est une pratique qui fut négligée et parfois même découragée par les autorités en France mais qui est peu à peu réintroduite et qui gagne désormais en popularité.

Usages culinaires

Avant de consommer cette plante fraîche, il faudra bien sûr lui enlever sa protection naturelle urticante. Fort heureusement, il s’agit d’une opération très simple : les piquants d’acide formique qui recouvrent l’ortie se dissolvent instantanément dans l’eau chaude, alors il suffit de blanchir l’ortie pour qu’elle devienne comestible.

L’ortie pourra alors s’apprêter à la manière des épinards ou du kale, une excellente verdure pour farcir vos manicotti, garnir votre lasagne ou enrichir votre soupe aux légumes. Les possibilités sont multiples. Nathalie Beaudoin, herboriste à la créativité culinaire débordante, nous livre sa recette de feuilletés d’ortie au fromage feta.

Si vous n’êtes pas cuisiner dans l’âme, vous pourrez toujours bénéficier des vertus de cette plante en vous procurant ses feuilles séchées pour en faire des infusions (1 c. à table comble pour 1 tasse d’eau chaude), ou alors en la consommant sous forme de capsules ou d’extrait liquide, disponibles dans les magasins d’aliments naturels.

Je vous laisse en terminant avec une recette de soupe à l’ortie, peu coûteuse, facile à préparer et, comme vous le savez maintenant, tellement bonne pour la santé !

Soupe à l'ortie

Ingrédients
1 l d'eau
400g de jeunes feuilles d’orties fraîches
1 c. à table de beurre
1 oignon
2 gousses d’ail
1 cube de bouillon de légumes
½ c. à thé curcuma
Poivre au goût

Marche à suivre
1- Faire revenir l’ail et l’oignon coupés en petits morceaux dans le beurre jusqu’à ce qu’ils commencent à brunir.
2- Ajouter les feuilles d’ortie et faire revenir quelques instants
3- Ajouter l’eau, le bouillon de légumes, le curcuma et le poivre. Mijoter quelques minutes
4- Servir chaud et déguster !

Jonathan Léger Raymond, herboriste thérapeute accrédité par la Guilde des Herboristes du Québec, membre de l'ANN. Article présenté en collaboration avec l'Association Manger Santé Bio. |  InfoNaturel.ca | Allimentation Bilologique Le 13 août 2012

 

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Références
(1) F. Millspaugh, Charles. American Medicinal Plants, Dover Publications, New York, É.-U., 1974, 810 p.
(2) Wood, Matthew. The Book of Herbal Wisdom, North Atlantic Books, Californie, É.-U., 1997, 580 p.
(3) Gagnon, Caroline et Lanctôt-Bédard, Valérie

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