Ingris Shutt, Je suis arrivée à Port-au-Prince le 24 février.
Le pays de mon père, je le retrouve dévasté.
Une équipe d’homéopathes et moi travaillons dans les rues auprès des gens. Edouard Broussalians de Suisse et son élève Cathy Mayer ont quitté hier matin. Il ne reste plus que Kaviraj et moi.
Les Haïtiens sont souriants, doux, et portent constamment aux lèvres le nom de Dieu, sous une forme ou une autre.
Nous faisons des consultations éclair pour les urgences, ce qui nous permet de voir 70 à 100 personnes par jour. Enfants et adultes.
De quoi les gens rencontrés souffrent-ils? Beaucoup de douleurs physiques dues aux blessures, des os fracturés et douloureux qui empêchent le sommeil, de plaies persistantes, des diarrhées dues à la malnutrition et à l’eau insalubre. L’eau potable est un luxe ici que peu peuvent se permettre. Des douleurs articulaires développées en dormant dehors, sur la terre humide, pendant la saison des pluies qui commence. Des douleurs qu’il faut soigner tout de suite avant que ne s’installe une chronicité. Irritation des yeux, de la peau et des bronches par la poussière.
Aussi beaucoup de gens souffrant de palpitations, d’arythmie, de cauchemars, de faiblesse, de vertiges importants, de chagrin, d’atteinte bronchique dus aux choc émotionnel initial et à la peur constante car la terre tremble sans cesse… Encore hier matin, un tremblement de terre. Ici, on a cessé de les compter.
Nous rencontrons aussi des gens souffrant de troubles chroniques. Atteinte du foie, les yeux jaunis, hernies, troubles divers de la peau, troubles cardiaques, respiratoires. Les gens sont très accueillants, éveillés, intelligents, serviables.
Nous avons auprès de nous deux jeunes hommes d’environ 20 ans qui nous servent de secrétaires et qui souhaiteraient déjà apprendre l’homéopathie tant ils sont émerveillés des résultats. Leur école étant démolie, ils sont ravis de passer du temps avec nous et de travailler un peu.
Depuis hier, je prends une petite pause homéopathie car la maison de mon père ici à la montagne sera transformée en orphelinat sous les bons soins de AMMA, la Sainte indienne qui fait des câlins. (Amma.org) Son représentant est arrivé hier matin, il sera ici pour 3 jours en tout, et nous sommes à préparer toutes les formalités nécessaires pour le développement de la première maison Amma en Haïti.
Je dois filer car l’électricité va bientôt manquer. Tant de choses que je tiens pour acquises à Montréal. L’accès à l’eau courante, chaude, et potable, l’électricité, la propreté des rues, de l’air... Ici, la pollution est un nuage de poussière constant en ville, les pots d’échappement crachent un nuage noir, les rues sont sales à un point inimaginable… mais les gens sont d’une force et d’une gentillesse incroyable.
Bonne santé à tous,