Regard sur l'herboristerie
Par,
Gabrielle Champagne,Herboriste-thérapeute
Une tradition millénaire
L'art de soigner par les plantes existe depuis des temps immémoriaux. Les êtres
humains de chaque coin du monde et même les animaux ont depuis toujours puiser leur
médecine dans la nature autour d'eux, chaque peuple ayant sa propre pharmacopée
locale.
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Depuis extrêmement longtemps donc se transmettent, principalement de façon orale
et s'intégrant à la culture populaire, les connaissances sur l'utilisation des plantes
médicinales. Certains herboristes bien connus ont également marqué l'histoire: Dioscorides
(médecin, pharmacologue et botaniste grec, 40-90), Galien (médecin grec, 129 ou
131-201 ou 216), Hildegarde de Bingen (religieuse bénédictine et mystique allemende,
1098-1179), Culpeper (médecin anglais, 1616-1654), Maria Treben (herboriste autodidacte
autrichienne) etc. Malgré l'entrée dans l'ombre de l'herboristerie depuis l'avènement
de la médecine moderne, cette façon de se soigner connaît aujourd'hui, à mon avis,
un regain d'intérêt. Ces connaissances précieuses sont toujours bel et bien vivantes
et plusieurs tentent de les préserver. On trouve d'ailleurs au Québec un organisme
nommé la Guilde des herboristes qui regroupe plus de 300 membres, amateurs ou professionnels,
se donnant pour mission de faire connaître l'herboristerie et de promouvoir la survie
de cette tradition chez nous. Notre province compte également plusieurs écoles d'herboristerie,
herboristes-thérapeutes et producteurs de plantes médicinales.
Simplicité et intégrité
À la base, l'herboristerie traditionnelle prône l'usage dit «des simples», c'est-à-dire
des plantes communes et accessibles, poussant à l'état sauvage dans les lieux avoisinants
ou facilement cultivables. Ceci demeure l'«âme» de cette médecine avant tout populaire,
pratiquée entre autres dans les cours, les potagers et les cuisines. De nos jours,
l'herboristerie que j'ose appeler «contemporaine», incorpore des herbes de partout,
particulièrement pour nous, en Occident, qui y avons accès. On n'a qu'à ouvrir son
armoire à épices pour y dénicher plusieurs plantes médicinales exotiques disponibles
dans la plupart des épiceries. Plusieurs herboristes vont maintenant puiser des
atouts au sein de diverses traditions, comme la médecine chinoise ou l'ayurveda,
tant au niveau de la philosophie que des plantes utilisées.
L'herboriste traditionnel utilise la plante entière, essayant le plus possible de
conserver son intégrité, et non pas des extraits standardisés ou des constituants
isolés. En effet, en herboristerie, la plante est considérée comme davantage qu'un
principe actif. Celle-ci est plutôt vue comme un fruit de la nature portant déjà
en lui la sagesse et l'équilibre naturel nécessaires à son efficacité. Selon les
herboristes, il n'est pas nécessairement avantageux d'isoler un principe actif car
une plante contient de multiples constituants qui agiraient plutôt en synergie afin
lui octroyer ses actions singulières. De plus, conserver l'ensemble des constituants
de la plante, c'est aussi permettre à cette dernière d'offrir tout l'éventail de
ses propriétés bienfaitrices. Les herbes ne possèdent habituellement pas une seule
mais plusieurs vertus thérapeutiques et maintes d'entre elles renferment également
des éléments nutritifs intéressants (minéraux, vitamines, antioxydants etc.). Elles
représentent donc des outils d'une richesse étonnante!
Plusieurs méthodes de transformation (qui seront davantage détaillées dans un prochain
article) conservent les bienfaits de la plante entière. Ces méthodes permettent
également de conserver le potentiel médicinal des plantes sur une longue période
de temps, ce qui est très utile dans notre climat nordique ne nous permettant pas
d'avoir accès aux plantes fraîche à l'année. Voici un bref aperçu des principaux
produits disponibles dans les herboristeries et magasins de produits naturels:
Plantes séchées: Celles-ci servent principalement à préparer
des infusions et décoctions à base d'eau pour usage interne ou externe (ex.: tisane,
bain, compresse...).
Teinture: Ceci est le terme couramment utilisé pour désigner
un concentré liquide fabriqué en faisant macérer la plante (fraîche ou séchée) dans
l'alcool. La préparation est ensuite filtrée puis on conserve l'alcool restant.
Sur le marché, on retrouve la plupart du temps les teintures dans de petites bouteilles
de verre ambré avec compte-goutte. On n'en consomme qu'un certain nombre de gouttes
à la fois.
Vinaigre: Le vinaigre médicinal est fabriqué selon le même
principe que la teinture mais les plantes sont dans ce cas-ci macérées dans du vinaigre
de cidre de pommes à forte teneur en acide acétique. On le consomme de la même façon.
Glycéré: Il s'agit d'une macération dans un mélange de glycérine
végétale et d'eau.
Huile: Encore une fois, les plantes ont été macérées mais
cette fois dans de l'huile végétale. Les huiles sont habituellement réservées à
l'usage externe (ex.: huile de calendule, d'arnica, de millepertuis).
Onguent: Ce type de préparation s'obtient le plus souvent
à partir d'huile(s) infusée(s) (voir ci-haut) dans laquelle ou lesquelles on a fait
fondre de la cire d'abeille, ce qui donne en refroidissant une texture de pommade.
Capsules: Les plantes brutes séchées sont ici mises en poudre
et encapsulées.
Herboristerie VS Phytothérapie
On confond souvent les termes «herboriste» et «phytothérapeute» mais ceux-ci comportent
des nuances. Un phytothérapeute est un spécialiste de la thérapie par les plantes.
Pour sa part, le terme herboriste peut aussi s'appliquer a quelqu'un qui, comme
le phytothérapeute, concentre ses activités sur l'application thérapeutique des
plantes comme la pratique clinique mais également à quelqu'un qui sait cultiver
ou transformer ces dernières. Habituellement, une personne qui se nomme herboriste,
touche de près ou de loin à plusieurs sphères parmi les suivantes: La culture des
plantes, leur identification et leur récolte en milieu naturel, la fabrication de
produits à base de plantes (teintures, huiles etc.) ainsi que la profession de thérapeute.
Mot de la fin: Autonomie!
Quoique l'herboristerie traditionnelle représente un domaine assez vaste, il demeure
assez facile de s'initier à ses principes de base et à un petit nombre de plantes
avec lesquelles il est toutefois possible de prévenir et traiter bien des afflictions.
Attention, on ne parle pas ici de remplacer la médecine moderne mais plutôt de lui
être complémentaire. Même s'il existe une quantité infinie de plantes médicinales
sur la planète, nul besoin de toutes les connaître! Commencez par observer, identifier
et étudier celles qui poussent autour de vous, sur votre terrain, dans votre jardin
ou vos plates-bandes, dans les espaces verts des alentours ou même dans les ruelles
du coin. Vous y rencontrerez déjà plusieurs herbes alliées locales qui en ont beaucoup
à offrir. De son côté, votre cuisine regorge probablement de remèdes naturels tels
l'ail ainsi que différentes fines herbes et épices. Savoir faire bon usage de ces
plantes médicinales vous permettra de soigner vous-même les petits maux du quotidien
et de regagner confiance en votre autonomie par rapport à votre santé!
Références:
Guilde des herboristes
CHEVALLIER, Andrew. Encyclopédie des plantes médicinales, Sélection du Reader's
Digest, Canada, 1997.
HOBBS, Christopher. St.John's wort the mood enhancing herb, Interweave Press,
USA, 1997.
SCHNEIDER, Anny. Plantes sauvages médicinales, Montréal, Messagerie ADP,
1999.
Gabrielle Champagne, Herboriste-thérapeute | InfoNaturel.ca |
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Le 23 février 2010 | Consultez
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